Les
étoiles semblent alignées par les mauvaises
nouvelles. Québec, Ottawa, Washington, Londres,
peu importe où l'on regarde, les gouvernements
affichent leurs couleurs sans gêne : réduire
les mesures sociales, laisser libre cours aux lois
du marché, et, quand ils le peuvent, soumettent
des peuples et piller sans relâche les ressources
de la planète. Discours alarmant ? Que vous
faut-il de plus ? Pour nous, la paix sociale est terminée
!
Depuis
près de 20 ans, avec la libéralisation
des échanges commerciaux entre le Canada et
les États-Unis, puis avec les différentes
négociations entre les gouvernements (ZLÉA,
OMC, etc.), les pays occidentaux appliquent les mêmes
politiques économiques et sociales. Au Canada,
le gouvernement a frappé fort au début
des années 90 avec de nombreuses coupures dans
les programmes sociaux (assurance-chômage, logement
social, paiements de transfert aux provinces). Au
Québec, le gouvernement péquiste a suivi
avec son hypocrite déficit zéro en 1996.
Cela
n'était qu'un avant-goût. Depuis quelques
mois, comme un pyromane, Jean Charest et son équipe
mettent le feu aux poudres en faisant tomber les soi-disant
" acquis sociaux " issus des luttes des
années 60 et 70. Le gouvernement vient en effet
d'adopter une panoplie de lois très importantes
qui vont modifier considérablement le "
Québec social ". Elles visent principalement
les travailleuses et les travailleurs syndiquéEs
et le milieu de la santé. La sous-traitance
sera facilitée pour les employeurs en réduisant
les protections des conventions collectives. Dans
le secteur de la santé, les règles d'accréditations
syndicales seront également affaiblies. Par
effet d'entraînement, le gouvernement va ainsi
toucher bon nombre d'acquis sociaux. Alors, imaginez
ce qui attend les plus pauvres… Le ridicule
de l'histoire, c'est que le gouvernement Charest affirme
qu'il doit prendre ces mesures contre les lobbys que
constitueraient les syndicats afin de défendre
la classe moyenne qui est pourtant majoritairement
syndiquée. Le gouvernement attaque ainsi le
mouvement syndical en espérant qu'il pourra
briser le seul mouvement actuellement capable de le
faire reculer.
Tout
cela dans l'intérêt de qui ?
Les
porte-parole de la bourgeoisie claironnent qu'il faut
d'abord créer la richesse avant de penser à
la distribuer : " On s'oppose à l'augmentation
du salaire minimum parce que cela freine la création
de la richesse ". Cette rengaine, c'est de la
torture à nos oreilles ! La richesse des riches
ne descend pas du ciel : elle est volée aux
travailleuses, aux travailleurs, aux oppriméEs
et aux déplacéEs du monde entier. L'humanité
n'a jamais été autant productive de
toute son histoire, mais le nombre de personnes laissées
pour compte, vivant dans le besoin, n'a jamais été
aussi élevé. Ce qui oblige l'ONU à
avouer que le quart de la population mondiale n'a
pas un accès direct à l'eau potable
et que plus de 800 millions de personnes sont gravement
sous-alimentées…
Au
Canada, un enfant sur quatre vit sous le seuil de
la pauvreté. Pour une autre partie de la population,
la majorité en fait, la pauvreté économique
n'est pas trop apparente. Mais que vaut une vie endettée,
où on court et court encore et où on
consacre sa vie à des crisses de job plates,
non valorisantes et au service d'exploiteurs en tout
genre?
Nous
en avons assez de ce système capitaliste et
des gens qui en profitent. On peut faire de l'aveuglement
volontaire, repousser l'évidence et taxer d'alarmistes
celles et ceux pour qui l'indignation et l'action
doivent emboîter le pas. Mais nous pouvons aussi
rejeter un système qui ne vise qu'à
enrichir une infime partie de la population. Nous,
on a fait notre choix !
Nous
n'avons pas de certitude quant aux meilleures solutions
à envisager, mais nous croyons qu'il est possible
de faire mieux, beaucoup mieux ! Oui, nous en avons
une certitude : la misère a assez duré
! Quiconque en souffre directement, qui est sensible
à ce qui se passe réellement aujourd'hui,
qui a quelque peu voyagé ou qui s'informe,
ne peut qu'arriver à la même conclusion
: les femmes et les hommes de gauche sont réalistes.
Celles et ceux qui se bercent d'illusions sont celles
et ceux qui pensent qu'il est possible que la situation
peut perdurer longtemps, que la croissance économique
et l'exploitation des ressources naturelles peuvent
durer indéfiniment.
Une
année déterminante pour les luttes sociales
L'offensive
de Jean Charest, les élections fédérales,
les élections américaines, l'intensification
des négociations pour la Zone de libre-échange
des Amériques : voilà un agenda bien
rempli sur la scène politique officielle. Nous
devons absolument mettre du sable dans l'engrenage
de ces rendez-vous. Quel est notre rôle? Nous
devons intervenir, mais sur le terrain qui est le
nôtre. Il faut voir plus loin que le bout de
son nez… Au-delà des gouvernements, c'est
la pression populaire qui a permis de marquer des
points, ici et ailleurs, aujourd'hui comme hier. Notre
véritable pouvoir, c'est le nombre, c'est la
rue ! Il en est de même avec le gouvernement
Charest. Nous devons hausser le niveau de protestations,
signifier que nous rejetons catégoriquement
ses scénarios d'enfer.
Les
réseaux syndicaux et communautaires semblent
vouloir organiser une certaine riposte. Nous nous
en réjouissons et nous souhaitons voir une
participation massive et combative à tout ce
qui sera ainsi mis de l'avant. Mais surtout, nous
encourageons celles et tous ceux que ces propos rejoignent,
à militer dans leur milieu de vie, leur communauté,
leur syndicat, garderie, école et partout où
il est possible de faire de l'information et de s'organiser.
Nous pouvons critiquer le leadership syndical dans
les luttes sociales et penser avec raison que le corporatisme
et le racolage au PQ ont fait bien des ravages depuis
20 ans. Mais depuis quand attendons-nous le mot d'ordre
des directions pour mobiliser et pour agir ? D'ailleurs,
à ce niveau, de nombreux syndicats tant à
la CSN qu'à la FTQ ont des mandats de grève
en poche. Rappelons-nous aussi l'incroyable journée
de mobilisation du 11 décembre. C'est à
l'exemple de cette journée que nous allons
marquer des points. Mais il faut que cela continue
! Dans le refus et la bataille acharnée, coup
pour coup, contre chaque nouvelle attaque anti-sociale.
Dans nos quartiers, et partout où nous sommes,
nous devons mettre l'épaule à la roue
!
Contre
les attaques faites aux syndicats, mais également
contre les reprises de logements, les hausses du coût
des services, le délire sécuritaire
qui frappe les personnes immigrantes, la répression
policière contre les militantes et les militants…
nous avons bien des raisons de nous battre !
Vous
trouverez dans ce journal différents textes
qui mettent en lumière les mesures réactionnaires
du gouvernement Charest de même que des enjeux
sociaux qui nous apparaissent importants. On ne le
cache pas : nous posons un regard de solidarité
entre les luttes, mais aussi un regard anti-capitaliste
et anti-patriarcal.
Nous
vous invitons à inscrire à votre agenda
la journée du 14 avril prochain. Nous voulons
organiser, avec toutes les personnes et groupes qui
le croient nécessaire, une importante action
de protestation afin de bien faire comprendre au gouvernement
Charest qu'un an de règne, c'est un an de trop.
La paix sociale est terminée !
Les
membres du Comité des sans-emploi Montréal-centre
et de la CLAC-logement